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Gare aux GAFAM

 

A l’office 365 jours par an

« La seule façon de maîtriser l’informatique, c’est de pouvoir s’en passer. » (Solange Ghernaouti, professeure à l’Unil, experte internationale en cybersécurité)

Au moment où l’on peut lire que les cantons romands veulent « reprendre (sic) la main sur les géants du numérique », nous recevons dans certains gymnases vaudois, via nos « RI » (les responsables informatiques), des offres pour obtenir avantageusement des licences d’exploitation d’une suite bureautique de Microsoft nommée « Office 365 », destinée possiblement à remplacer « educanet2 ». La licence serait par ailleurs généreusement offerte à toutes et tous les élèves. Remplacer une coopérative reconnue d’utilité publique par la confédération, l’institut suisse des médias pour la formation et la culture, par l’un des géants de l’informatique, le M des GAFAM, voici la bonne idée de la DGEP et de son unité des systèmes d’information (USI) pour « reprendre la main » sur les GAFAM. Peut-être est-ce une manière particulièrement subtile d’avoir ces géants à portée de main…

Ou devrait-on aussi considérer le choix du service de la DGEP comme un rééquilibrage adapté à la culture ou au biotope numérique ? Les gymnases vaudois sont en effet depuis longtemps de gros consommateurs d’appareils Apple — rappelons au passage que l’article 11 de la loi scolaire interdit toute forme de propagande politique, religieuse et commerciale auprès des élèves —, dont le renouvellement tous les six ou sept ans choque d’ailleurs la conscience écologique hautement développée de certain.e.s de nos élèves. Cette consommation va sans doute croître encore dans le contexte ambiant d’obnubilation numérique et de l’introduction prochaine d’une nouvelle discipline obligatoire d’informatique. Par souci d’équité peut-être ou d’équilibre en parts de marché, il fallait donc ouvrir grand la porte de nos écoles à l’ogre Microsoft !

Comme s’il n’y avait pas d’autre choix ! Quand les répondant.e.s informatiques se comportent de manière responsable, ils et elles rappellent à juste titre qu’il existe des logiciels libres, tout aussi fonctionnels et adaptés aux tâches bureautiques scolaires, usage naguère encouragé par le schéma directeur « Ecole et informatique » de 2006.

Quant à la gratuité pour les élèves, que pourraient invoquer les irresponsables de l’unité informatique de la DGEP pour justifier leurs choix et leurs achats, on lui opposera la formule désormais célèbre sur internet : « Quand c’est gratuit, c’est vous qui êtes le produit. » Et les géants du numérique connaissent le b.a.-ba de l’amorçage commercial, l’échantillon gratuit ; quand il faudra renouveler la licence désormais payante, l’élève de l’école publique, transformé.e en consommateur.trice et client.e de Microsoft, l’achètera. On entend déjà Bill Gates, qui ne se consacre désormais plus qu’à la philanthropie, murmurer : laissez venir à moi les petits enfants …