Les maîtres de gymnases retraités sont particulièrement bien placés pour comprendre quelle injustice l'Etat de Vaud commet à l'égard des jeunes maîtres lorsqu'il leur interdit à jamais de prétendre au même statut que les anciens. Notre ancien collègue J.-P. Forster l'exprime avec force dans une lettre de lecteur publiée dans "24 heures" le lundi 22 décembre 2008:
"DECFO-SYSREM
Ou gros défaut du système…
On peut être à la retraite et ne pas rester insensible à la manière dont ont été traitées certaines fonctions dans ce nouveau système de classification. Qu’on le veuille ou non, pour tous ceux qui voient leur situation péjorée, elle ne peut être ressentie que comme un dénigrement de leur travail. (…)
De plus, le moment est fort mal choisi. Prenons le cas des maîtres de gymnase, puisque c’est d’eux qu’il a été si souvent question dans la presse. Ils ont subi et vont subir des études universitaires plus longues, un allongement d’un an supplémentaire de la formation professionnelle, des élèves plus difficiles et moins travailleurs, des classes trop nombreuses pour précisément ce genre d’élèves. Avec, comme conséquence, un enseignement moins intéressant, moins gratifiant qu’il y a dix ans. Et le total de l’addition est une baisse des conditions matérielles ? La formation exigée pour un maître de gymnase est aussi poussée que celle d’un enseignant de HES et plus complète que celle d’un maître assistant ou assistant de recherche dans une faculté.
Si j’étais directeur de gymnase, cette marque de déconsidération vis-à-vis des maîtres et les effets à long terme qu’elle pourrait avoir sur l’enseignement et le recrutement des enseignants m’inquiéterait.
D’autant qu’il n’a assurément pas échappé aux directeurs et aux enseignants que ces derniers font les frais du nouveau reclassement des fonctions, non pas tant pour que les instituteurs bénéficient enfin de conditions matérielles plus décentes, mais surtout pour que le Conseil d’Etat puisse attirer dans des fonctions «hors classes» de l’administration ces vedettes qu’il a l’art de dénicher pour devoir s’en séparer quelques années plus tard."
Jean-Paul Forster,
Pully
24h, 22 décembre 08
Un grand merci à M. Forster, donc, pour son soutien qui nous a fait chaud au coeur dans cet hiver particulièrement dur que connaît aujourd'hui notre profession, cible privilégiée dorénavant du gouvernement parce qu'elle résiste ouvertement à l'absurde et aveugle machinerie DECFO-SYSREM. Oui, les maîtres de gymnase parlent et agissent pour préserver un certain sens de l'équité entre les générations... et un certain nombre de principes éthiques qu'il est inutile de rappeler ici, tant ils sont évidents - outre leur liberté d'expression. De fait, c'est bien leur vocation qu'on leur dénie aujourd'hui!
C'est donc à tous les retraités de la profession que l'AVMG peut faire appel aujourd'hui - notamment parce que la prochaine attaque portera sur la caisse de pension. Prenez vos plumes, écrivez aux journaux, écrivez-nous, contactez-nous, venez nous voir dans nos établissements, invitez-vous à nos assemblées générales, aucune espèce de direction (même accrochée furieusement - ou désespérément - au règlement comme elles le sont dorénavant) n'osera vous chasser de ces lieux dans lesquels vous avez donné le temps de votre vie professionnelle et toute votre passion. Nous avons besoin de vous, de votre aide, de votre soutien, de vos conseils, oui, nous sommes preneurs. Les jeunes maîtres vous attendent!
Bien à vous et bonne année 2009, dans la lutte pour ce en quoi nous croyons!
Philippe Leignel