Et si nous étions ensemble, collègues, dans la grève?

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Et si nous étions ensemble, collègues, dans la grève?

de Ph. Leignel le 17 Jan 2009, 12:32

Dans les dures circonstances que nous vivons, je ne sais pas toujours quoi dire à mes collègues maîtres de gymnase, moi qui ai envie de leur parler, à eux qui ont été méprisés (et le sont encore) par leur employeur qu’ils ont pourtant servi loyalement pendant tant d’années – oui, eux qui ont été souvent livrés en pâture, dans la presse ou ailleurs, à certaines hargnes des salariés post-modernes frustrés de progrès social réel par le néo-libéralisme triomphant (et crétinisant), livrés donc eux, autrefois les enseignants les mieux considérés, comme des boucs émissaires désormais bien utiles (voyez avec quelle jalousie envieuse on regarde vos vacances et quelle haine du travail cela révèle!) en ces temps où le possédant ne veut plus payer d’impôt pour le démuni et donc provoque le dépérissement des institutions collectives (hormis la police, tiens…) en crachant sur les « fonctionnaires » (le statut n’existe plus depuis 2003 mais le terme demeure en tant qu’insulte) comme on accuse son chien d’avoir la rage pour pouvoir s’en débarrasser.
Oui, que dire ?
Que vous dire, chers collègues des gymnases en révolte, devant le mutisme total du gouvernement?
Eh bien surtout ceci : les trois mois de dure lutte que nous venons de vivre, uniques dans l’histoire de toute l’école vaudoise depuis qu’elle existe, m’ont appris que nous étions ensemble, que nous vivions et inventions de concert, que nous cherchions à nous retrouver, à nous parler, à compter les uns sur les autres et que cette amitié-là, née de la difficulté voire de la détresse commune, est très précieuse!
Et moi je voulais vous dire merci…
Et c’est un peu bizarre de le faire sur ce forum. Je ne sais pas à qui je parle directement… Je vous le dirai aussi de vive voix quand nous nous reverrons, bien sûr… Mais il fallait que je l’écrive, c’était une nécessité, c’est comme ça…
Merci, chers amis!
Qu’avais-je appris à l’école, moi, collégien vaudois, gymnasien vaudois, puis étudiant à l’Université de Lausanne ?
Eh bien j’avais appris essentiellement à ne compter que sur moi-même et j’étais sûr, par le fait du système notamment, que j’étais seul à pouvoir faire mon salut, même si j’imaginais bien pouvoir utiliser l’un ou l’autre de mes camarades de temps à autre pour me sortir d’un mauvais pas… Plus tard, toujours dans la même ligne, cherchant une place de travail dans l’école vaudoise, je voyais surtout mes anciens camarades d’étude comme des concurrents
Aujourd’hui, grâce à vous, chers collègues dans la lutte, je me suis découvert des amis par centaines…
Voilà la vertu du combat et, osons le mot, comment la grève est belle! Dans la grève, chers (et chères : oui, pardonnez-moi, mesdames, je ne maîtrise pas bien l’épicène, vous l’avez compris) collègues de tous les gymnases vaudois, nous sommes ensemble!
Voilà pourquoi dans la grève il y a rêve…
Eh oui la grève a été pour moi un... travail. Un travail intérieur, le seul vrai et grand travail.
Il n’y a de progrès vrai que par l’individu et dans l’individu lui-même, disait Baudelaire. J’ajouterai : ce progrès a lieu surtout dans l’action collective.
Merci donc encore à toutes et à tous pour cette très belle et très salutaire leçon.

À vous !
À nous…

À bientôt !

Philippe Leignel
Ph. Leignel
 
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Inscription: 11 Jan 2009, 19:28

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