Un Conseil d’Etat fauteur de troubles ?

Pour la période jusqu'au 3 février. Sont repris ici les sujets antérieurs qui restent d'actiualité

Un Conseil d’Etat fauteur de troubles ?

de Ph. Leignel le 16 Fév 2009, 12:57

Quel est le rôle principal d’un exécutif cantonal dans un système de concordance comme le nôtre ? Pour l’essentiel, assurer la paix sociale et la concorde qui favorisent la prospérité générale… et pas beaucoup plus : nos cantons sont surtout gérés (on l’espère convenablement) par l’exécutif, bien plus que gouvernés

Or, qu’a produit la réforme de la grille salariale récemment mise en œuvre par le Conseil d’Etat du Canton de Vaud? : un an de grèves perlées (administratives ou « complètes ») et de manifestations dans la fonction publique, un tribunal de prud’hommes aujourd’hui complètement engorgé par des centaines et des centaines de recours, le règne de l’absurde et de l’arbitraire dans la classification des fonctions et le découragement voire le démotivation complète face à leur employeur pour tous ceux qui voient leur statut salarial dévalorisé (environ 40% du personnel !) – et parmi ceux-ci les enseignantes et les enseignants dont la formation est la plus longue et la plus ambitieuse (un nombre important d’entre eux ont des doctorats - tous, pratiquement, ont le double – ou triple - master…), les maîtres de gymnase…

Et ce n’est pas fini!

Quelle est la situation à ce jour dans les gymnases vaudois?
Une majorité d’entre eux a, de fait, voté des résolutions fort modérées et en retrait par rapport aux exigences des syndicats. Diverses considérations ont prévalu dans cette décision. Une certaine incompréhension de la population face aux « revendications salariales » des enseignants (qui pourtant ne demandent qu’une chose : ne pas voir leur statut dévalorisé… Ce sont moins que des « revendications », donc…), leur éthique professionnelle aussi qui les pousse à ne pas mettre en péril la formation de leurs élèves en poursuivant une grève dure dans la perspective de la crise économique qui s’avance et, enfin, l’attitude obtuse du gouvernement qui, niant même la permanence du conflit, se voit incapable de proposer la moindre médiation et traite avec mépris le découragement et la colère parfaitement compréhensibles de ceux qui perdent des sommes considérables sur leur carrière (par rapport à l’ancien statut) sans qu’on leur donne la moindre explication ou la plus petite justification saisissable par l’entendement ordinaire (normal : il n’y en a pas, ce sont le dogmatisme et l’arbitraire qui règnent !). Autrement dit, par ces résolutions très modérées, les maîtres de gymnases ont fait le travail du gouvernement, en quelque sorte, c’est-à-dire chercher une issue temporaire à la crise et rendre à nouveau le dialogue possible à court terme!

Ces résolutions, rappelons-le, se déclinent toutes en trois points (avec de légères variantes dans la rédaction) :

1.Réécriture de l’article 10 de la convention signée par la FSF avec le Conseil d’Etat et fixant la possibilité d’une promotion de la classe 12 à la classe 13 du nouveau statut, après 15 ans d’ancienneté (ce qui signifie encore 140’000.- de perte sur la carrière, rappelons-le…).
2.Nouveau calcul de l’échelon pour les jeunes maîtres détenteurs de titre HEP, colloqués en classes 24-28 avec indemnité dans l’ancien système et qui perdent, du fait de la bascule de l’ancien système dans le nouveau, encore plus que les 140’000.- de perte prévue dans le nouveau statut, parce que le salaire initial dans l’ancien statut était placé plus bas que dans le nouveau (mais avec une progression salariale en cours de carrière beaucoup plus forte, dans l’ancien système, sur une période plus courte – et donc infiniment plus dynamisante autrefois…).
3.Constitution d’une commission de réexamen des fonctions enseignantes au gymnase en vue de la révision de la collocation de toutes les fonctions prévue pour 2011.

La dernière de ces résolutions (votées dans 5 gymnases sur 9 à de très larges majorités) a été plébiscitée par le Gymnase de la Cité à la quasi unanimité le 22 janvier 09.

Le 23 janvier, le DFJC, pour une fois particulièrement prompt à la réaction (on ne peut que le saluer), répondait en proposant immédiatement une nouvelle rédaction plus souple des conditions de passage de la classe 12 à la classe 13 prévues par l’article 10. Cette rédaction, en progrès par rapport à la précédente, était présentée aux syndicats au soir du 26 janvier lors d’une négociation sectorielle sur les praticiens-formateurs (autre chantier en cours et autre conflit…). Les syndicats (y compris la FSF), globalement, saluèrent cette marque d’ouverture. Des promesses un peu plus diaphanes étaient faites aussi par le DFJC autour des deux autres points des résolutions gymnasiales : une éventuelle participation à une commission de réexamen (les termes employés par le DFJC restaient flous), et le dossier de recalcul de l’échelon SYSREM pour les maîtres classés en ex-24-28 avec indemnité à présenter au plus tôt devant le Conseil d’Etat avec bon espoir de le régler.

Trois semaines après, alors que le délai de recours devant la tribunal de prud’hommes est à environ quinze jours (pour les 24-28 avec indemnité comme pour tout le monde : un dossier fort que les syndicats gagneront vraisemblablement contre le Conseil d’Etat, pour des raisons juridiques que nous ne pouvons pas expliquer ici mais qui sont déterminantes…), alors que le Conseil d’Etat ne siège pas ce mercredi pour cause de vacances, oui, où en sommes-nous ? Eh bien nous n’avons pas avancé d’un millimètre!

D’après nos informations le DFJC piétinerait devant la porte du Service du Personnel, dirigé par M. Grund sous la houlette de… Pascal Broulis…

De fait, aujourd’hui, non content de dévaloriser le statut salarial des maîtres de gymnase sur 26 ans de carrière, le Conseil d’Etat les méprise ouvertement au jour le jour : que l’agitation renaisse dans les gymnases dès la rentrée, que les plus radicaux des maîtres de gymnase se sentent ragaillardis dans leur refus de toute ouverture face à l’intransigeance du gouvernement, il n’en a cure! Peu importe que le tribunal de prud’hommes reçoive encore 150 recours supplémentaires, il en a déjà plus de 700 à gérer! Et quant aux maîtres de gymnase en colère et aux conséquences que cette colère (totalement légitime, oui…) pourrait avoir sur le bon déroulement des études de leurs élèves, la formation des futurs étudiants des HES, de l’Université et de l’EPFL, c’est-à-dire tout bonnement les futurs cadres du pays, le Conseil d’Etat s’en moque!

Pourvu que les grosses fortunes ne quittent pas les beaux prés vaudois pour aller brouter ailleurs… Mon Dieu, faites que les riches (oisifs ou non) ne nous abandonnent pas!

Bon, attendons le 25 février, la prochaine séance du Conseil d’Etat, soit… Et espérons que le simple bon sens l’emportera – et que nous irons vers un certain apaisement…
Dans le cas contraire, que toutes et tous sachent que nous ne porterons pas la responsabilité des perturbations diverses (pour utiliser un euphémisme et ne pas être grossier) qui pourraient s’en suivre, en tout cas!

Les fauteurs de troubles et d’incivilités ne sont pas forcément ceux que l’on croit, dans ce désordre établi

Philippe Leignel
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