La grève, renoncement à la fatalité!

Pour la période jusqu'au 3 février. Sont repris ici les sujets antérieurs qui restent d'actiualité

La grève, renoncement à la fatalité!

de Ph. Leignel le 21 Fév 2009, 21:46

Le centre patronal est contre la grève… Voilà qui vous étonne ? Oui, à peine les maîtres de gymnase ont-ils énoncé la possibilité d’un nouveau « débrayage » jeudi 26 février si le Conseil d’Etat continuait à pratiquer un silence obtus (refus effectif de tout dialogue) face à l’injustice salariale qui est faite aux jeunes maîtres de gymnase par rapport à leurs devanciers (désormais accusés, de fait, d’avoir volé la communauté pendant des décennies !), notamment dans le cas patent des ex-classes 24-28 avec indemnité (150 cas de recours prêts à partir pour le Tribunal de Prud’hommes alors que le greffe est déjà engorgé), à peine les enseignants représentés par leurs syndicats, disais-je, ont-ils précisé qu’ils risquaient donc de se voir contraints de remettre la machinerie de la grève en route, après une trêve relative, dans les faits, de plusieurs semaines, que le Centre Patronal s’agite dans son bocal de Paudex et s’exclame comiquement (dans son blog du 19ct) :

(…) il convient de réaffirmer que la grève constitue un acte de violence auquel on ne peut recourir que dans des situations graves. L’insatisfaction quant à l’évolution des conditions de rémunération, fût-elle justifiée, n’entre pas dans cette catégorie.

Une formulation tellement absurde qu’il est inutile de se fatiguer à la combattre par des arguments rationnels. Si des conditions salariales reconnues comme injustes par le Tribunal dûment institué par l’employeur lui-même (l’Organe de conciliation, oui !) ne permettent pas de faire la grève alors quand la fera-t-on ? Uniquement si le patron est assassiné?
Le radotage postillonneur de petits sycophantes provinciaux valets d’un néo-libéralisme déclinant et qui n’est peut-être plus très loin de sa dernière saison n’est pas de taille à nous faire perdre notre sérieux.
Lisons plutôt la noble affirmation des grévistes des Antilles en lutte contre le sarkosysme déjà en perdition aujourd’hui dans ses territoires d’outremer avant de l’être demain, peu ou prou, en métropole :

Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante, et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent, faillissent à lui porter des réponses décentes, se rapetissent et se condamnent.
Dès lors derrière le prosaïque du « pouvoir d’achat » ou du «panier de la ménagère », se profile l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique.
Toute vie humaine un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophies, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique)…
Alors voici notre vision : Petits pays, soudain au cœur nouveau du monde, soudain immenses d’être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en œuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant…


Enfin!
Enfin l’insurrection de la vie vraie nous vient de la négritude asservie par des siècles d’économisme aliénant et brutal imposé par des boutiquiers partisans de l’homme plus petit que nature!
Et l’on lit cette belle profession de foi «qui ne craint ni ne déserte le grand frisson de l’utopie» sous des plumes aussi belles et aussi prestigieuses que celles de Patrick Chamoiseau et d’Edouard Glissant, les fils spirituels de l’immense poète révolté que fut Aimé Césaire…
Oui, c’est dans Le Courrier – tout le monde n’est pas obligé de lire 24 heures – à la page 4 de l’édition du vendredi 20 février 2009, et cela s’intitule « Manifeste pour les produits de haute nécessité »…
Voilà qui devrait faire taire le petit zézaiement de Paudex, si on y était sage… Et rappeler aux comptables qui prétendent nous gouverner que le fondement de toute économie… c’est l’homme! De fait, aucune espèce de fatalité prétendument inscrite dans les chiffres de banquiers cacochymes ne saurait tenir durablement contre notre aspiration profonde à exister par nous-mêmes comme à vivre debout – ne serait-ce qu’un instant et seulement par la poésie - devant la gueule absurde de la mort…
Et l'homme ne saurait vivre que de pain seulement, a dit aussi jadis quelque grand texte.

Philippe Leignel
Ph. Leignel
 
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