Dans le conflit salarial qui les oppose à l'Etat de Vaud, les maîtres de gymnases avaient fait, récemment, de nombreuses concessions. Malgré le jugement de l'Organe de conciliation qui leur rendait toute action de grève licite, ils avaient cessé la grève administrative et repris leurs cours régulièrement dans l'attente d'un geste de l'employeur en faveur des jeunes maîtres dont le statut salarial est dévalorisé par rapport aux anciens; ils avaient réduit dans le même temps, pour le court terme, leurs revendications, afin de rétablir le dialogue.
Hier, malgré un soutien très net du DFJC et de la gauche unie en leur faveur, la majorité bourgeoise du Conseil d'Etat leur a fermé la porte au nez en refusant une adaptation réglementaire qui respecterait l'égalité de traitement dans le calcul de la bascule (passage de l'ancien système de rémunération dans le nouveau) des jeunes maîtres de gymnase détenteurs de titre HEP.
Ce faisant, la majorité du Conseil d'Etat, malgré un discours réaffirmé le 15 janvier sur la nécessité de la concertation et du dialogue social, a montré, dans un esprit de totale fermeture, son indifférence à l'égard de la situation dans les gymnases, c'est-à-dire principalement l'inégalité de traitement entre les anciens maîtres et les nouveaux et la démotivation comme les désordres qui pourraient en naître.
On est en droit d'en déduire que la droite vaudoise souhaite plus ou moins ouvertement le délabrement de la formation gymnasiale et, partant, la démoralisation et la crétinisation d'une bonne partie de la jeunesse de ce pays, dans une vision purement économiste et consumériste du monde qui ne peut que nous mener à la perte de sens, c'est-à-dire à une impasse mortelle dans la crise mondiale qui s'annonce.
La bêtise est au pouvoir et souhaite qu'on se conforme à sa petitesse.
Autant dire que nous connaissons déjà la seule réponse concevable, en trois lettres : non!
C'est par ces trois lettres, d'ailleurs, que souvent commence la liberté, d'une manière ou d'une autre.
Et l'espérance.
Philippe Leignel