M. Pascal Broulis, mercredi 25 février, a refusé d’accorder aux jeunes maîtres de gymnase l’ajustement salarial que le DFJC demandait pour eux, par souci d’équité, dit le grand argentier, avec le reste de la fonction publique (alors que sa collègue Mme Anne-Catherine Lyon soutenait donc une position exactement contraire, en utilisant à peu près le même argument, soit dit en passant…).
Merci, donc (dans ce contexte très conflictuel), à Joëlle Fabre, de 24heures, pour sa transcription fidèle de l’état l’esprit du président du Conseil d’Etat vaudois (que nous connaissons aussi par ses conseillers personnels qui nous parlent volontiers, mais oui…) lorsqu’elle lui fait dire au discours direct, à propos des maîtres de gymnase (justement) : «Ces gens-là ont touché un rattrapage…»
Oui, «Ces gens-là… »…
Voilà qui est limpide, M. Broulis…
Et, de fait, vous avez beau prétendre, dans Le Courrier, que la droite du gouvernement « a beaucoup de respect pour les profs de gymnase », «Ces gens-là » ne vous croient pas… parce que, de fait, plus personne ne peut vous croire sur ce chapitre. Dévaloriser le statut salarial d’une profession tout entière sans qu’elle ait démérité (nous pouvons démontrer le contraire sans peine) et sans lui donner la moindre explication, c’est la mépriser, Monsieur le Président, rien d’autre, vous pouvez relire votre Petit Broulis illustré – ou (c’est préférable…) le Robert, aux deux paragraphes suivants (pour chaque mot, le premier sens suffit) :
a) mépriser [mepYize] v. tr. <conjug. : 1>
• XII e; de mé- et 1. priser
1• Estimer indigne d'attention ou d'intérêt, ne faire aucun cas de. dédaigner, …
CONTR. Apprécier, considérer; convoiter, désirer; admirer, estimer, honorer
b) respecter [YDspDkte] v. tr. <conjug. : 1>
• 1554; respoitier « épargner » 1155; de respect
1• Considérer avec respect, honorer* d'une déférence profonde, marquée…
CONTR. Mépriser; profaner. 1. Dégrader, démolir, polluer; compromettre, déroger, enfreindre, violer.
Voilà qui tranche à peu près le débat – à moins que le président du Gouvernement vaudois méprise aussi le vocabulaire… Ou alors qu’il fasse dans l’ironie appuyée : il faudrait comprendre le contraire de ce qu’il dit! Cependant, dans le contexte, ce serait un peu trop cruel de sa part ; cette hypothèse est à écarter.
Nous préférons penser, plus simplement, que Monsieur le Président du Conseil d’Etat vaudois pratique une sorte d’hypocrisie automatique par métier, à la suite d’une déformation professionnelle obligatoire, et que, ici, c’est tout simplement la fonction qui crée l’organe.
Ce n’est donc pas de sa faute.
En réalité, Monsieur Pascal Broulis méprise totalement les maîtres (et maîtresses) de gymnase (et tout le gymnase avec eux) mais il ne peut pas le dire en clair à cause des fonctions qu’il exerce.
Voilà qui nous rassure.
Nous avions failli douter.
Philippe Leignel