de Ph. Leignel le 28 Mar 2009, 11:32
Juste un mot, pour Laurent... et pour toutes celles et tous ceux, prafos ou non, qui voient leur statut salarial dévalorisé, un mot d'un ancien au "salaire garanti", oui : je demeure consterné et furieux de l'attitude de la majorité du Conseil d’Etat à votre endroit, désolé que les jours de grève et les manifestations que nous avons organisés n'aient pas suffi à faire comprendre à la majorité politique de ce canton les dégâts considérables que cette dévalorisation salariale - plus importante encore pour ceux qui sont engagés depuis quelques années que pour ceux qui vont entrer en fonction cet été (une perversion issue de la « bascule », bricolée hâtivement dans l’abstrait) – allait provoquer dans l’enseignement gymnasial et, par voie de conséquence, dans une bonne partie de la jeunesse. C’est un signe assez clair de l’abaissement du corps social de notre pays devant le pourrissement des élites néo-libérales, de plus en plus cyniquement égoïstes et irresponsables, sinon criminelles (ne soyons pas trop dupes du hâtif replâtrage tartuffesque de ces derniers mois, dans les banques ou ailleurs). Le combat ne fait donc que commencer et il faudra désormais le mener sur tous les fronts, c’est-à-dire le front syndical, certes, probablement en organisant de nouvelles grèves mieux préparées, plus longues et plus unitaires, mais aussi et peut-être essentiellement sur le front de l’idéologie et de la culture (j’allais dire: il faut participer à la naissance d’un mythe nouveau, encore à venir…). Le consumérisme, perdu dans le grand Babel du bazar mondialisé en crise, n’a bientôt plus de langage (ce langage n’a jamais été que parasitaire, d’ailleurs), et c’est l’humanité tout entière qui cherche le sens désormais. Il faut sans doute veiller à ce qu’elle n’aille pas le trouver du côté de ses plus vieux démons… La langue et le savoir sont donc à reconstruire - et il se trouve que c’est justement notre métier, par certains côtés, n’est-ce pas, cher collègue et ami?
Alors ce métier, reprenons-le en main, redéfinissons-le nous-mêmes (foin, notamment, du pouvoir bureaucratique – et de sa phraséologie - qui est notre ennemi mortel!), exerçons-le en toute liberté, recréons-le de nos mains mêmes, réinventons-le, en résistant à toutes les intrusions hostiles dont il est l’objet, notamment sous le couvert des prétendues « réformes » qui nous assaillent depuis plus de 15 ans, parallèlement aux dégradations de notre statut dont la machinerie hypocrite de Decfo/sysrem et le bradage du rôle de praticien-formateur ne sont que les derniers avatars en date.
Il y a du pain sur la planche, amis!
Cultivons le courage et la volonté, nous en aurons besoin.
Il n’y a pas d’existence sans combat, de toute façon…
Bien à toi, Laurent, et bien à toutes et tous dans cette lutte qui continue!
Philippe Leignel