Les faits sont têtus. C’est une nouvelle fois par la menace et par la l’absence de concertation, accompagnées de fausses garanties supplémentaires, que le Conseil d'Etat veut faire passer son projet ! Les propos du gouvernement vaudois sont symptomatiques de la distance séparant les politiques des réalités du travail des salariés. Dans son acharnement idéologique contre certaines catégories professionnelles, il n’a pas pris le soin d’écouter leurs représentants, de prendre le pouls de ces équilibres patiemment construits. Les employés se sentent aujourd’hui dévalorisés par leur employeur, face à la population dans son ensemble. Ils veulent être respectés; qui ne le souhaiterait pas ? Le Conseil d'Etat prend le risque d’une profonde incompréhension qui risque de laisser des cicatrices durables, même en cas du retrait du projet DECFO-SYSREM.
Ne cédons pas ! Grèves, manifestations, gel des notes... Voilà des mois que le public entend parler des protestations syndicales face à DECFO-SYSREM. Force est de constater que malgré de grands efforts de communication des responsables syndicaux, les citoyens restent encore trop mal informés des enjeux. Qui a à y gagner ?
Quelques exemples ? Les gens ne savent souvent pas que le statut de fonctionnaire a été aboli et que nous sommes désormais des « employés de l'Etat » qui subissent désormais beaucoup d'inconvénients du secteur privé sans forcément en entrevoir les avantages. Les gens ne savent souvent pas que lorsque nous organisons un voyage avec des élèves nous devons assumer une partie de nos frais, sans parler du fait que l'Etat renâcle de plus en plus à assumer la responsabilité juridique (quelle entreprise enverrait un cadre à l'étranger sans lui rembourser tous ses frais ?). Les gens ne savent souvent pas qu'à domicile nous devons réserver une chambre pour effectuer une partie importante de notre travail, sans pouvoir obtenir aucune réduction fiscale (quelle entreprise ne fournit pas un bureau à ses employés ?). Les gens ne savent souvent pas que nous devons payer nos livres, notre matériel informatique et tout ce dont nous avons besoin pour faire notre travail (quelle entreprise ne fournit pas tout le matériel nécessaire à ses employés ?). La liste est encore longue et pourtant nous continuons de passer pour des privilégiés désinvoltes et égoïstes, dont il paraît légitime d'abaisser le revenu.
Dans ce bras de fer avec nos autorités, il y faut dénoncer la façon d'agir du Conseil d'Etat: par une énorme entreprise de désinformation dont nous sommes les victimes, celui-ci cherche à passer pour bienveillant et équitable. A chacun d'expliquer nos droits, encore et encore, sans cette fausse pudeur si typiquement vaudoise avec laquelle jouent nos adversaires. Cet effort ne fera pas le bonheur de certains gestionnaires et politiciens en mal de bonus. Mais elle nous profitera à tous, aux habitants de ce canton qui ont bénéficié d'enseignants dévoués, et à nous tous, dindons de cette farce déplaisante et rance, qui sommes les plus rudement frappés.
Baisser les salaires, c'est déprécier les employés. Maltraiter les employés, c'est mépriser leur travail en ne le reconnaissant pas à leur juste valeur. Le gouvernement prend le risque d'une grave démotivation, d'un pourrissement des conditions de travail... à qui fera-t-on croire que c’est là le gage de « l’efficacité » du service public ? N'hésitons pas à le rappeler, encore et encore !
Défendre nos intérêts, n'est-ce pas défendre ceux des autres ?